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Les escaliers des maisons de Saint-Sever
France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Saint-Sever
Historique
L'escalier le plus ancien repéré en ville est en vis, dans un hôtel particulier du début du 16e siècle. Les escaliers des 17e et 18e siècles en pierre sont établis dans des bâtiments conventuels (abbaye, couvent des Jacobins) ou dans des hôtels particuliers. Des escaliers en charpente avec des rampes à balustres se trouvent aussi au 18e siècle. L'escalier à structure charpentée est généralisé au 19e siècle, dans des cages très vastes, occupant une part importante d'une ancienne cour intérieure fermée. Cet escalier peut devenir particulièrement aérien au début du 20e siècle.
Un type particulier de rampe en bois, que l'on retrouve dans d'autres secteurs de la Chalosse (Peyrehorade) ou en Béarn (Vic-Bilh), caractérisé par des barreaux reliés par un arc rampant et une barre plate, semble apparaître localement dès le 18e siècle et se maintenir jusqu'à la seconde moitié du 19e siècle.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 1er quart 16e siècle Principale : 2e moitié 17e siècle Principale : 1ère moitié 18e siècle Principale : 4e quart 18e siècle Principale : 1er quart 19e siècle Principale : 2e moitié 19e siècle Principale : 1er quart 20e siècle |
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Description
Informations complémentaires
Description et datation des escaliers de la ville
L'étude des escaliers de Saint-Sever ne concerne que des édifices de la ville. Sur l'ensemble du corpus, des escaliers ont été repérés et analysés dans 36 édifices. Leur datation résulte de l'observation de leurs structures, formes et décors mais aussi d'une analyse globale du bâti dans lequel ils s'insèrent. Les sources documentaires, concernant des rachats ou des travaux dans les édifices concernés, quoique lacunaires, ont permis d'étayer les apports de l'analyse de terrain.
L'escalier dans la maison
La majorité des escaliers (11) sont établis longitudinalement dans le bâti, face à la porte d'entrée. Pour 8 cas, la place de l'escalier dans un vestibule, correspond à une habitat noble ou de notable, et révèle une volonté de mise en scène de l'entrée de la demeure. D'autres maisons plus modestes s'organisent ainsi du fait d'un manque d'espace arrière ou latéral, ne permettant pas d'éclairer la cage autrement que par la porte d'entrée et les fenêtres de la façade.
9 escaliers sont organisés perpendiculairement à la façade principale. La porte d'entrée ouvre sur un couloir qui donne accès à la cage d'escalier. Cette disposition n'a été repérée que pour les maisons dépourvues de mitoyenneté sur un côté. L'escalier peut ainsi bénéficier de la lumière provenant des fenêtres de la façade latérale.
Parmi les hôtels particuliers repérés dans la ville, 5 possèdent un escalier placé au revers de la façade postérieure donnant vers un jardin à l'arrière.
Un emplacement d'escalier correspond à un type bien particulier de demeures repérées dans la ville : pour 7 maisons situées aux abords de l'abbaye, construites sur des parcelles en lanière et présentant une succession de corps de bâtiments séparés par des cours, l'escalier prend place dans la première cour intermédiaire, laissée ouverte ou parfois couverte. La morphologie des parcelles dans ce secteur a conditionné l'emplacement de l'escalier, qui, rejeté dans la cour, évite d'encombrer les espaces résidentiels et permet la desserte des corps de bâtiments placés de part et d'autre.
Forme et matériaux de l'escalier
Peu d'escaliers rampe-sur-rampe ont été repérés (6). Un seul escalier est en vis.
Généralement, les escaliers sont avec jour. Les marches sont alors encastrées entre limon et faux-limon. La première volée prend appui sur le sol mais la marche de départ, systématiquement de pierre, soutient le limon calé en partie inférieure de la tête de rampe. Les balustres s'encastrent dans le limon.
Les balustres sont généralement en bois ; l'emploi de la pierre pour les balustres ne se retrouve que dans un cas. Les autres rampes sont maçonnées. Le choix du matériau correspond à la période de construction de l'escalier : les rampes d'escalier en pierre ne se retrouvent pas après la Révolution, et, à deux exceptions près, toutes les rampes métalliques repérées datent de la seconde moitié du 19e siècle.
Type de balustres et datation
L'escalier en vis de pierre dans une tour demi-hors-oeuvre de l'hôtel Bourrouilhan est contemporain de la construction de la demeure, soit du début du 16e siècle. C'est l'escalier le plus ancien repéré dans la ville.
L'esthétique "classicisante" du 17e siècle engendre une "monumentalisation" des escaliers. Les escaliers les plus anciens sont en pierre. A ce titre, l'escalier des Jacobins et celui du 3 rue Saint-Jean sont très proches : rampe-sur-rampe à deux volées avec main-courante sur mur noyau entre les murs de cage (type A). Les réfections faites au couvent des Jacobins dans la seconde moitié du 17e siècle permettent de dater ces ouvrages de cette période.
Cette forme parait se poursuivre tout en étant déclinée au cours du 18e siècle. L'escalier de l'hôtel Barbotan, construit au milieu du 18e siècle propose le même type de structure de rampe et de matériaux.
Parallèlement à ces constructions en pierre, la majorité des escaliers sont réalisés en charpente. Les balustres de bois en double poire avec une section carrée (type B) apparaissent dans la région vers 1650 (repérés dans le canton de Peyrerohade). Mais les premiers exemples saint-severins dateraient de la seconde moitié du 17e siècle, notamment dans les maisons du 10 rue du général Lamarque, du 25 rue de la Guillerie et du 7 rue des Arceaux.
Cependant, cette forme de balustres semble être utilisée jusque dans la première moitié du 18e siècle. La maison du 27 rue des Arceaux, datée de 1725, en est un exemple. Des dérivés du balustre en double poire apparaissent au milieu du 18e siècle : balustres de formes concaves à sections carrées (type B1) au 13 rue du général Durrieu, ou à section carrée simple (type B2) au 23 rue des Arceaux. Pour l’ensemble de ces escaliers, le départ de rampe est composé d'un balustre du même type, de taille plus importante et surmonté d'un pommeau à quatre faces arrondies. Les dérivés aux balustres de type A proviennent d'une tendance à amincir les formes, caractéristique du 18e siècle. Cet amincissement conduit dans le 4e quart du 18e siècle à favoriser le recours à des barreaux fins de section rectangulaire et réunis par un arc rampant et une barre plate (Type C).
Un escalier à rampe en ferronnerie martelée, dont les éléments sont assemblés par des billes de plomb, constitue un cas isolé : cette technique et le style des éléments de ferronnerie permettent d'envisager une réalisation des années 1710-1720.
L'escalier de l'hôtel Captan, qui conjugue deux types, est un exemple de la transition entre les escaliers de la fin du 18e siècle et ceux post-révolutionnaires. Depuis le rez-de-chaussée jusqu'au premier étage, il s'agit d'un escalier de pierre avec une rampe métallique de type C. Il se poursuit par des volées en charpente pourvues d'une rampe en bois se rattachant à une typologie du début du 19e siècle. Cette différence entre les étages pourrait s'expliquer par un exhaussement de l'édifice.
Les rampes d'escalier post-révolutionnaires sont datables avec le plus de précision grâce à l'apport des sources archivistiques. Il faut noter l'hégémonie du barreau fuselé reposant sur une section carrée encastrée dans le limon et pourvue d'une bague en partie supérieure (Type D). L'escalier de ce type le plus ancien est celui de l'hôtel Basquiat-Mugrier, vers 1802. Cette mode se poursuit au moins jusqu'en 1815, date à laquelle l'escalier du tribunal est réalisé.
Quelques alternatives à ce type existent. Au 16 rue du général Lamarque, les balustres sont directement enchâssés dans le limon, sans l'intermédiaire d'une section carrée. Dans l'ancien hôtel de Laporterie, les balustres reposent sur des sections rectangulaires qui prennent appui sur la partie extérieure du limon.
A partir du milieu du 19e siècle, les barreaux fins sont décorés d'un motif végétal central autour d'une bague (Type E). Ce type de rampe peut être travaillé en métal comme pour l'ancien hôtel de Mora, ou en bois pour la maison de la Mirande.
Malgré les nouvelles formes qui s'imposent au 19e siècle, quelques maisons conservent des escaliers témoignant d'un retour à des formes d'Ancien Régime. Un escalier (9 place de Verdun) avec barreaux de section rectangulaire réunis par une barre plate date, ainsi, des années 1870. Bien que l'arc rampant ait été abandonné, il existe une filiation évidente avec le type C. De même, dans l'hôtel Dussault, les balustres carrés imposants rappellent le style Louis XIII, qui est pourtant délaissé dans la ville de Saint-Sever vers 1750.
Parallèlement à ce retour en grâce des formes anciennes, le barreau de bois tourné se développe dans la seconde moitié du 19e siècle (Type F). Deux exemples simultanés, dans les années 1860, ont pu être identifiés au 26 rue du Bellocq et au 20 rue du général Lamarque. Son utilisation se perpétue jusqu'au 1er quart du 20e siècle.
Les escaliers du 1er quart du 20e siècle témoignent de fortes innovations structurelles. Au 19 rue des Arceaux, l'escalier est composé d'une volée par étage, interrompue par de longs paliers qui desservent des corps de bâtiment situés de part et d'autre. Celui du 3 place de Verdun a des volées particulièrement amples avec une cage suspendue en charpente.
Ainsi, la répartition chronologique des types de rampe permet de mettre en lumière les différentes modes au fil des siècles. Notons que certaines périodes ont vu l'exclusivité d'un type, qui parfois n'a existé qu'un temps assez bref.
Toujours est-il qu'une attention particulière fut portée à la réalisation de l'escalier dans les maisons saint-severines. Même si nombre d'entre-eux ont été modifiés au fil des siècles, les escaliers conservés témoignent du soin apporté aux aménagements intérieurs des demeures de la ville.
Type de dossier |
Dossier thématique |
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Référence du dossier |
IA40001982 |
Dossier réalisé par |
Ferey Marie
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Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Commune de Saint-Sever, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Les escaliers des maisons de Saint-Sever, Dossier réalisé par Ferey Marie, (c) Commune de Saint-Sever, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/9c84244b-a64b-442d-bf7d-c76f4b67b513 |
Titre courant |
Les escaliers des maisons de Saint-Sever |
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